Oui, le nom peut faire un peu peur. Mutualisation numérique : on imagine déjà la réunion du lundi matin, avec beaucoup de PowerPoint et de café froid. Erreur. Ce n’est plus le “truc” réservé aux grosses entreprises planquées en open-space à la Défense. Ici, chez nous, en Bretagne, ailleurs en France, dans toutes les petites villes qui essaient de faire mieux avec moins, c’est une arme terrible et sacrément efficace.
Alors, c’est quoi, au juste ? Mutualiser, c’est partager. Numérique, ça, on commence à voir : serveurs, logiciels, réseaux, données… On met tout sur la table. Communes, agglomérations, offices HLM, associations — au lieu d’acheter chacun sa rangée d’ordinateurs et de payer trois fois pour la même licence logicielle, on fait chapeau commun. Plus malin, plus économique, plus rapide. Et aussi, plus créatif. C’est là que ça devient intéressant pour le territoire.
Aller, fini les discours sur la fibre ou la 4G qui passe un jour sur deux sur la place de la Mairie. Regardons ce qui existe déjà. Partout où les services publics ou parapublics ont décidé de partager leurs ressources numériques, la dynamique est différente. Moins “survie”, plus “développement”.
À force de tout mutualiser (infrastructures, compétences, données), l’écosystème innove plus facilement. Moins de temps perdu à bricoler, plus pour tester… et rater (c’est aussi vital).
Les données, c’est la nouvelle mer, ici. Sauf qu’elle ne sent pas la marée : elle ouvre des portes. Quand les collectivités partagent leurs données (données de transport, de pollution, d’usage des équipements), elles font naître des services qu’aucune n’aurait eu les moyens de financer seule.
Ces dynamiques attirent aussi les jeunes entreprises. 58% des collectivités qui mutualisent l’open data déclarent avoir vu émerger au moins un service innovant sur leur territoire dans les deux premières années (source : CGET, Rapport Open Innovation 2018).
Ça arrive souvent à l’arrière d’un boulangerie : une idée, dix minutes de wifi, mais pas de budget pour deux développeurs ou un “data scientist” payé au prix des huîtres du Nouvel An. Pour les jeunes pousses d’ici, mutualiser des outils (serveurs, plateformes open-source, réseaux de tests) permet de viser plus haut.
Ce n’est pas juste une histoire de sous : la mutualisation fait naître des rencontres entre publics qui ne se croisent jamais. Et de là naissent, oui, des idées neuves.
À force d’entendre parler de laborsatoires parisiens, on en oublierait presque ce qui se trame à l’ouest. Dans les années 2010, le Morbihan s’est lancé dans la mutualisation et l’open data. En 2021, 27 projets issus d’un même bouquet d’appels à projets sont nés… simplement parce que l’infrastructure était partagée. Par exemple, la plateforme de gestion des déchets du Pays de Lorient, conçue et testée avec plusieurs collectivités autour, est maintenant reprise dans d’autres régions.
Cerise sur le Kouign-Amann : ces dynamiques permettent à des étudiants de l’UBS ou de l’IMT Atlantique de prototyper ou tester des applis sur des infrastructures partagées — carte blanche pour se planter sans risquer la faillite, et meilleure adaptation aux besoins locaux.
Et ça ne se limite pas au numérique pur : en croisant les données partagées des transports, de la météo et du tourisme, une appli locale a permis d’augmenter de 18% le remplissage des navettes maritimes en 2022 (source : Observatoire Mobilités Bretagne Ouest). Pas mal pour des bouts de code locaux.
Avant d’emballer le tout : mutualiser, ce n’est pas un miracle automatique. Ça demande de :
Mais pour celles et ceux qui acceptent de se (re)mettre autour de la table, quitte à y perdre un peu de confort, la mutualisation invite à un vrai bal populaire de l’innovation. Plus on partage, plus ça bouge.
On l’a vu : mutualiser les ressources numériques, c’est bon pour les finances locales, bon pour l’émulation, et excellent pour attirer les talents ou lancer des jeunes entreprises. Mais ce n’est que la première étape.
Ce levier permet aux territoires de ne pas subir la prochaine panne, cyberattaque, ou épisode climatique extrême. Prenez la sécurité informatique : se regrouper, c’est pouvoir financer des audits de sécurité pour tout le monde. Ou, sur le plan de la transition écologique : en mutualisant leurs infrastructures numériques, plusieurs villes peuvent coordonner une gestion de l’énergie ou de la mobilité au plus juste, à l’échelle d’un bassin de vie entier.
Mieux : mutualiser, ce n’est pas effacer l’identité locale. C’est lui donner plus de force, en adaptant à chaque quartier, chaque population, une solution solide — et partagée. Un peu comme notre météo à Brest : changeante, mais mieux armée pour affronter les bourrasques.
La mutualisation numérique : ni baguette magique, ni simple économie comptable. Mais une sacrée rampe de lancement. Plus de territoires qui s’y essayent, c’est plus d’innovations qui naissent, ici, au cœur du local et du quotidien. Ni Paris, ni San Francisco. Ici, simplement. Comme à Brest, là où souffle parfois un vent d’idées neuves qui fait s’envoler les parapluies… et les vieux blocages.
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